Même si les cours du baril du pétrole étaient plutôt orientés à la baisse ces dernières semaines, le constructeur européen d'avions ATR n'a qu'à se réjouir des prix relativement élevés du carburant. Pour le numéro un mondial des avions à hélices, les carnets de commandes n'en finissent plus de se remplir.
La filiale à 50/50 d'EADS et de l'italien Finmeccanica a encore annoncé, mercredi 11 juillet, à l'occasion du salon de l'aéronautique de Farnborough (Royaume-Uni), organisé du 9 au 15 juillet dans la banlieue de Londres, une commande ferme supplémentaire de 32 ATR. Le montant de cette vente est estimé, au prix catalogue, à 600 millions de dollars.Avec cette nouvelle commande, "c'est une confirmation de la suprématie de l'avion à hélices sur le secteur des appareils pouvant transporter jusqu'à 90 passagers, fait-on valoir chez ATR. Plus de 90 % des ventes d'avions entre 50 et 90 sièges se sont portées sur des appareils à hélices" et non plus sur des jets à réaction.
ATR a mis à mal ces derniers, principalement les avions de ses deux principaux rivaux, le brésilien Embraer et le canadien Bombardier. Leurs appareils ne trouvent plus preneur, ou alors au compte-goutte. Depuis le début de l'année, Embraer n'a ainsi vendu qu'un seul de ses 90 places.
Depuis 2005, ATR a concentré 70 % des ventes d'avions à hélices. Trop gourmand en kérosène, les jets ne soutiennent plus la comparaison avec les turbo-propulseurs.
3 000 AVIONS À HÉLICES SUR LES VINGT ANS À VENIR
L'avenir semble radieux. Selon les prévisions d'ATR, il devrait se vendre 3 000 avions à hélices au cours des vingt ans à venir. Soit un marché évalué à 75 milliards de dollars. Le constructeur espère bien en prendre la meilleure part.
Surtout, le spécialiste des avions à hélices entend surfer sur la vague qui le porte. Filippo Bagnato, président exécutif d'ATR, souhaite élargir sa gamme avec la mise en chantier d'un avion de plus grande capacité.
Business plan sous le bras, la direction d'ATR discute avec sa maison-mère EADS pour produire un appareil à hélices de 90 sièges. L'investissement est évalué à 2 milliards de dollars. "Moitié moins que pour développer un jet de capacité équivalente", souligne ATR.
Rien ne dit que le constructeur de turbo-propulseurs, dont les avions comportent jusqu'à présent 70 places au maximum, parviendra à convaincre ses actionnaires. "Ce n'est pas le métier d'EADS que de fabriquer des avions de moins de 100 places", pointe Thierry Baril, le nouveau directeur des ressources humaines.
Mais les réticences les plus grandes pourraient venir du partenaire italien. Finmeccanica, qui traverse une passe financière assez difficile, est déjà très engagé avec le russe Sukkoï pour la construction en commun du Superjet 100 d'une capacité de près de 130 sièges.
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