samedi 9 mars 2013

Ce que l'on ne vous dit pas..

...mais, des fois, il est préférable de vivre dans l'ignorance....Voici un petit florilége de ce que vous devriez savoir et que l'on ne vous dit pas.

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi exactement les avions baissent leur lumière au moment de l'atterrissage, vous faisant tâtonner pour trouver la lumière de secours au dessus alors même que vous alliez finir votre Sudoku (un indice : ce n'est pas pour faire des économies d'énergie. Lisez la réponse à la fin de l'article) ? Ou pour quelle raison il est si important de mettre votre masque à oxygène avant d'aider les autres ? Ou ce que c'est vraiment que de sauter d'un Boeing 737 via le toboggan gonflable de secours ? Ou à quel point sont lourdes ces sorties de secours situées au niveau des ailes ?
Vous vous êtes peut-être montré curieux. Ou peut-être que vous êtes du genre prudent, le genre qui veut s'assurer d'avoir toutes les cartes en main la prochaine fois qu'arrive un "miracle sur l'Hudson River", ou si vous devez atterrir dans l'un des aéroports les plus effrayants des USA.

Eh bien British Airways a ce qu'il vous faut : des cours de notions de sécurité aérienne, une version modifiée de l'entraînement que font les équipages une fois qu'ils sont engagés, et qu'ils pratiquent ensuite une fois par an. Même si vous n'êtes pas du genre pessimiste ou hyperprudent, c'est une façon originale de passer sa journée à Londres.

Vous aurez le droit de descendre d'un toboggan de secours ! Et si vous avez toujours voulu tirer sur la corde pour gonfler ces gilets de sauvetage aériens, c'est l'occasion ! Vous pourrez aussi évacuer d'une cabine remplie de fumée (comme celle diffusée au théâtre ou dans les concerts de rock, mais ça fait la blague). Vous pratiquerez les points subtils de la position en cas d'urgence. Et le meilleur, vous comprendrez enfin le pourquoi de certaines des procédures et consignes de sécurité aériennes.

Vérifiez les gilets de sauvetage
Une chose qu'ils ne vous diront pas en dispensant les consignes de sécurité, c'est que des gens emportent ces gilets, situés en dessous ou à côté de votre siège, comme souvenirs. C'est une infraction ignoble et répréhensible, et bien que les compagnies aériennes vérifient chaque siège tous les matins, un avion peut faire plusieurs voyages dans une journée, avec autant d'opportunité pour des voyageurs de voler un gilet de sauvetage. J'ai donc appris que c'est une bonne idée de vérifier si le gilet est effectivement là. Non pas que ça change grand chose en réalité. Seulement une petite fraction des passagers sur le vol US Airways 1549 ont pris la peine d'enfiler leurs gilets de sauvetage quand le Capitaine Sullenberger a été forcé d'amerrir son Airbus A320 sur l'Hudson River.

Mettez d'abord le vôtre
Vous l'avez entendu des milliers de fois : mettez votre masque à oxygène avant d'aider les autres. Mais les consignes de sécurité ne vous disent jamais pourquoi c'est si important. La raison ? En cas de décompression de la cabine, vous ne disposeriez que de 15 à 20 secondes durant laquelle tout l'oxygène s'échappe de l'avion (et de vos poumons), avant de tomber dans un état de confusion et d'euphorie, qui vous ferait alors oublier tout ce que vous avez entendu lors de la démonstration des consignes de sécurité (en imaginant que vous avez écouté, ce qui n'est probablement pas le cas).
Vous vous évanouiriez probablement entre 30 et 45 secondes. C'est pourquoi il est vital d'agir vite (je pense que si les consignes de sécurité standard expliquaient certains de ces faits, les gens prendraient la peine de reposer leurs journaux). Andy and Diane, nos instructeurs, nous ont aussi expliqué ce à quoi il faut aussi se préparer lors d'une décompression subite de la cabine : une odeur de brûlé venant des bombonnes d'oxygène, de grosses vibrations, une descente rapide (en général une chute de 20 000 pieds en à peine trois ou quatre minutes) et une annonce automatique vous expliquant à quoi vous attendre (parce qu'évidemment, les membres de l'équipage porteront eux-mêmes des masques, donc ne pourront pas communiquer avec les passagers).

La position de sécurité correcte
Un des points de sécurité aérienne les plus subtils semble particulièrement obscur, voire même pointilleux, mais il y a une raison pour chaque détail. Si par exemple, vous avez déjà pris la peine de regarder la carte de sécurité dans la pochette devant vous, vous avez peut-être remarqué que la position correcte de sécurité est de placer ses mains sur la tête, mais certainement pas n'importe comment (et encore moins avec les doigts entrelacés). Vous avez vu comme l'illustration montre une main au dessus de l'autre ? Est-ce un simple hasard ? Et bien non. Si quelque chose devait tomber sur vous lors d'un crash, vous devriez protéger au moins une de vos mains (de préférence celle avec laquelle vous écrivez) parce que vous en aurez besoin pour détacher votre ceinture une fois qu'il n'y a plus de danger. Votre autre main est ainsi placée pour protéger votre main "forte".

Pourquoi ne pas être assis dans le sens opposé de la marche ?
En parlant de position de sécurité, j'ai demandé à Andy et Diane si ça ne serait pas utile si les compagnies aériennes plaçaient leur siège dans le sens opposé de la marche ? Après tout, en cas de crash ou d'atterrissage d'urgence, la position de sécurité ne serait pas nécessaire si les sièges ne regardaient pas vers l'avant. N'est-ce pas pour cela que les membres des équipages ont des strapontins dans le sens opposé ? "Les gens assimilent les sièges tournés vers l'arrière au train" a répondu Andy. "Nous serions en faillite au bout d'une semaine !" a ajouté Diane. Et pourquoi ne pas avoir un harnais de sécurité à trois ou quatre points d'attache comme les membres de l'équipage, plutôt qu'une simple ceinture ? a demandé un autre élève. Ne sont-ils pas plus sûrs ? Vous avez probablement deviné la réponse : les compagnies aériennes recommandant de garder la ceinture pendant que l'on est assis, personne ne voudrait porter ce genre de truc tout le long du vol.

"Entraînements tactiles" et "geste automatique"
Pendant que vos pilotes attendent de décoller, vous seriez surpris d'apprendre qu'ils sont probablement en train d'effectuer un entraînement de sécurité. Que faire si ceci ou cela ne fonctionnait pas au moment du décollage. Sur quels boutons appuyer ou quelle marche à suivre adopter. En réalité, ils reproduisent donc diverses procédures, touchant et même appuyant réellement sur les commandes. Ils appellent cela "entraînement tactile" et Andy et Diane suggèrent que les passagers fassent de même, par exemple en attachant et détachant tris fois de suite leur ceinture.
Ca a l'air bête ? "C'est pour rendre le geste automatique, tel un réflexe" explique Diane. "En cas d'urgence, les gens paniquent. Ils pensent qu'ils sont dans leur voiture et essaient d'enlever leur ceinture en appuyant sur un bouton plutôt qu'en tirant sur un rabat". En effet, comme le rapport final du Conseil national de la sécurité des transports américain l'a indiqué après le crash de l'US Airways 405 qui a atterri sur l'eau après son décollage de La Guardia, à New York, causant la perte de plusieurs vies : "Certains passagers ont essayé de sortir de leurs sièges alors que leurs ceintures étaient toujours attachées, et d'autres ont eu des difficultés à trouver et à détacher leurs ceinture parce qu'ils étaient désorientés."
Pourquoi est-ce que le signal rouge veut dire "Allez-y"?
Et quid du chemin vers la sortie éclairé le long du sol ? Pourquoi est ce que des signaux rouges indiquent les sorties ? Ne devraient-ils pas plutôt être verts ? Avez-vous déjà vu des feux arrières sur l'autoroute lors d'un brouillard, a répondu Andy ? Ils sont rouges parce qu'ils se voient mieux dans une cabine remplie de fumée. Et en effet, nous avons pu constater que c'était vrai quand notre "cabine" est devenue une purée de poix.

Ces portes sont lourdes
Et que dire de ces portes d'issue de secours placées sur les ailes ? Quel poids font-elles exactement et jusqu'à quel point sont-elles faciles à ouvrir et à manipuler ? Nous nous sommes entraînés sur un Boeing 737. La réponse ? Même pour moi, un homme d'1 mètre 83, assez bien charpenté et faisant du sport régulièrement, elles sont assez lourdes (18 kilos pour être exact).
Il ne s'agit pas seulement du poids, les manœuvrer tout en étant assis est un défi ardu. Un conseil : enfoncez-vous le plus loin possible dans votre siège ou vous vous cogneriez la tête quand la porte se rabattra. Autre conseil : utilisez votre genou pour retenir la porte puis rabattez-la et jetez-la sur l'aile (pas d'inquiétude, on ne vous poursuivra pas pour dommages). J'ai été surpris de voir que l'ouverture de la porte est si facile à enclencher que vous pouvez le faire avec un seul doigt. Malgré le fait que, selon nos instructeurs, une porte de secours sur l'aile n'a pas été ouverte sur un avion British Airways depuis 27 ans (ailleurs que dans ce sombre hangar d'entraînement), je me sens plus en sécurité maintenant que je l'ai fait.
La mauvaise nouvelle, c'est que la moitié des gens (et probablement plus) que je vois assis dans ces rangs de sortie n'auraient pas la force d'ouvrir la porte. Les compagnies aériennes ne devraient pas vendre ces sièges à qui que ce soit, sous prétexte qu'on paye un supplément pour avoir plus de place pour étendre les jambes. Ne vous inquiétez pas en revanche si un taré essaie d'ouvrir ces portes durant le vol. Elles sont impossibles à ouvrir, du fait que la pression atmosphérique est plus forte dans l'avion que dehors.

Avez-vous remarqué les poignées sur les portes ?
La prochaine fois que vous prenez l'avion, prenez note des poignées sur la porte à l'intérieur de l'avion. A quoi peuvent-elles donc bien servir ? Ce sont bien des poignées "pour s'accrocher", mais pourquoi ? Et bien, lors d'une évacuation d'urgence en mode "panique", quand les membres de l'équipage tiennent la porte de secours, les passagers, dans leurs empressement à sortir, ont tendance à les pousser hors de leur route, parfois jusqu'en bas du toboggan. Les poignées sont là pour s'assurer que les membres de l'équipage restent sur l'avion si c'est ce qu'ils doivent faire.

Pourquoi les compagnies aériennes ne nous disent pas tout ça ?
J'ai quitté la classe en pensant que plus de passagers écouteraient les démonstrations de sécurité si les compagnies partageaient un de ces informations d'initiés avant chaque vol, peut-être en les mélangeant de temps en temps pour ne pas que les consignes soient démesurément longues et que plus de passagers décrochent. La démo d'un vol pourrait comprendre les points les plus subtils de l'ouverture des portes de secours situées sur les ailes. Sur un autre, plus d'information sur ce pourquoi il est si important de mettre d'abord (et vite) votre masque à oxygène, avant d'aider les autres. Probablement que plus de passagers suivraient les consignes d'urgence s'ils en connaissaient les raisons. Encore et encore, en cas d'urgence, les passagers n'écoutent pas, font ce qu'il ne faut pas et deviennent des victimes.
En parlant de raisons, pourquoi les avions baissent-ils les lumières lors des décollages et atterrissages de nuit ? Bien deviné : pour aider vos yeux à s'habituer à l'obscurité (aussi bien dans une cabine enfumée ou une piste dans le noir). Et pourquoi certaines compagnies vous demandent-elles de garder vos chaussures (sauf les talons aiguilles qui peuvent déchirer le toboggan) lors du décollage et l'atterrissage ? Parce que la piste sera peut-être brûlante arrivé en bas du toboggan.
Bien qu'il soit peu probable que les compagnies aériennes ajoutent un jour ces détails supplémentaires à leurs consignes de sécurité avant un vol, la principale chose que j'ai retenue de cette classe est un plus grand respect pour tout le travail qui se cache derrière ces consignes, à mesure que chaque crash et atterrissage d'urgence contribuent au savoir collectif. Et je ressens encore plus de respect envers les membres d'équipage, qui, comme nous le savons tous, sont d'abord là pour s'assurer de notre sécurité.

2 commentaires:

  1. Les compagnies ne vous disent pas cela car ce serai inutile: combien d'entre vous gardent leur ceinture effectivement attachée jusqu'à l'arrêt complet de l'avion, écoutez les clic-clics de vos voisins (visionnez donc le CRJ "bousculé" par l'A380 à JFK)?
    Combien d'entre-vous rallument leurs mobiles lors du roulage de l'avion (générant des bruits parasites immédiatement audibles à la radio des pilotes (comme dans vos enceintes chez vous)? Combien d'entre-vous restent tranquillement assis en attendant l'ouverture de la porte au lieu d'encombrer l'allée debout avec leurs bagages (imaginez une évacuation à ce moment critique!!!)?
    Les compagnies sont prêtes à communiquer mais vous, passagers, êtes vous prêts à être disciplinés...?
    Maître

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    1. Seul un pilote de ligne en exercice peut avoir ce regard lucide...je reconnais la "main" du Maître...Merci d'avoir pris quelues minutes pour lire mon article.

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