Airbus
et Boeing ont calculé que, sur les 150 plus grands aéroports du monde,
les avions gaspillent jusqu'à 6,6 milliards d'euros par an en kérosène
pour leurs manœuvres au sol, qui requièrent 17 minutes de roulage en
moyenne. Un énorme gâchis : « Cela représente l'équivalent des bénéfices cumulés de toutes les compagnies aériennes »,
argumente Antoine Maguin, PDG de TLD, l'industriel français qui va
fabriquer le Taxibot, un tracteur d'avions semi-robotisé développé par Airbus,
Lufthansa, Siemens et l'israélien IAI (Israel Aerospace Industries). Le
prototype a été présenté la semaine dernière sur l'aéroport de
Châteauroux (Indre), à plusieurs compagnies aériennes.
Ce
programme qui a nécessité une centaine de millions d'euros en R&D, a
mobilisé pas moins de 100 ingénieurs. Le fonds européen Clean Sky a
apporté 1 million d'euros au projet et Oséo a soutenu TLD. Dans quel
contexte est né le Taxibot ? En 2006, IAI s'est rapproché d'Airbus au
moment du lancement du programme A380. « Nous avons créé un département aéroportuaire pour répondre aux défis que génère un avion de 580 tonnes »,
raconte Isabelle Devatine-Lacaze, directrice de ce département
opérations aéroportuaires chez l'avionneur. Principal défi : réduire la
consommation lors du convoyage de l'appareil. Pour l'heure, Airbus et
Boeing interdisent aux engins aéroportuaires de conduire les avions
jusqu'à la piste. Ils n'interviennent que sur quelques mètres pour les
repousser sur le tarmac après l'embarquement et le débarquement des
passagers. « Les jambes de train d'atterrissage ne supporteraient
pas l'effort produit par un roulage plus long. Or leur durée de vie
équivaut à celle de l'avion, soit quarante ans », ajoute-t-elle.
L'effet « Jack-Knife »
Autre
défi : l'effet « Jack-Knife » que les routiers redoutent quand les
poids lourds se retrouvent en portefeuille. En clair, un freinage mal
réparti et tout le poids se reporte sur les roues avant. La cabine se
retrouve écrasée par la remorque. Pour résoudre ce problème, IAI a donc
sollicité l'un des principaux fabricants de tracteurs, le tourangeau
TLD, qui emploie 1.350 salariés et réalise un chiffre d'affaires de
310 millions d'euros. Cette PME, qui a réussi son internationalisation
en s'implantant près des grands constructeurs aéronautiques avec six
usines réparties entre la France, la Chine et l'Amérique du Nord, a
planché sur la chaîne de commandes électroniques. Solution : après
l'amarrage du tracteur sous les roues de l'avion, le pilote prend la
main de ce robot de 25 tonnes (50 tonnes pour les gros-porteurs). Les
roues du Taxibot sont toutes articulées, pour une maniabilité accrue. Et
toutes les roues freinent en même temps, y compris à l'arrière de
l'avion. L'effort est donc réparti, l'effet « Jack- Knife » éliminé. A
ce jour, le Taxibot qui a séduit la Lufthansa et un loueur, Bankers
Capital, a engrangé 54 commandes pour un montant de 101 millions
d'euros. British Airways, Air France et 2 compagnies chinoises sont très intéressées. Sa première mise en service, par la Lufthansa, est prévue au printemps 2013.
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